Permis de construire et perte d’ensoleillement
Le 16 Juin 2020
Est illégale l’annulation d’un permis d’édifier un immeuble au motif que son implantation aurait pour conséquence, en raison d’une baisse de l’ensoleillement, d’altérer les conditions de fonctionnement d’une maison implantée à proximité selon les principes architecturaux dits bioclimatiques à partir desquels elle a été réalisée.
Ainsi statue le Conseil d’Etat dans un arrêt rendu le 13 mars 2020 (CE 2° et 7° ch.-r., 13 mars 2020, n° 427408,
Par un arrêté du 25 juillet 2017, le maire de Lyon a délivré un permis de construire en vue de l’édification d’un immeuble collectif de 39 logements. A la demande de deux personnes, le tribunal administratif de Lyon a annulé ce permis de construire.
Aux termes de l’article R. 111-27 du Code de l’urbanisme : » Le projet peut être refusé ou n’être accepté que sous réserve de l’observation de prescriptions spéciales si les constructions, par leur situation, leur architecture, leurs dimensions ou l’aspect extérieur des bâtiments ou ouvrages à édifier ou à modifier, sont de nature à porter atteinte au caractère ou à l’intérêt des lieux avoisinants, aux sites, aux paysages naturels ou urbains ainsi qu’à la conservation des perspectives monumentales « .
Ces dispositions permettent de rejeter ou d’assortir de réserves les seuls projets qui, par leurs caractéristiques et aspect extérieur, portent une atteinte visible à leur environnement naturel ou urbain.
Ainsi il a été jugé qu’un projet est de nature à porter atteinte au caractère et à l’intérêt d’une partie d’un site inscrit s’il en barre la perspective depuis une route départementale (CE, 26 octobre 2011, n° 328241).
Dès lors, en annulant le permis d’édifier l’immeuble litigieux au motif que son implantation aurait pour conséquence, en raison d’une baisse de l’ensoleillement, d’altérer les conditions de fonctionnement selon les principes architecturaux dits bioclimatiques d’une maison implantée à proximité, le tribunal administratif a commis une erreur de droit.
En revanche, les riverains d’une construction autorisée par un permis peuvent obtenir une indemnisation s’ils subissent une telle perte d’ensoleillement, mais en saisissant le juge judiciaire.Il n’est en effet pas question de violation d’une règle d’urbanisme mais d’un préjudice anormal de voisinage, règle de droit privée.