Droit de préemption des communes sur les fonds de commerce et les fonds artisanaux
Le 18 Sep 2008
Une récente réponse ministérielle rappelle que les dispositions instaurant le droit de préemption des communes lors des ventes de fonds de commerce, des fonds artisanaux ou des baux commerciaux sont entrées en vigueur depuis 2005 (Rép. min. n° 03742 : JO Sénat Q 28 août 2008, p. 1733).
L’article L. 214-1 du Code de l’urbanisme, issu de l’article 58 de la loi du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises, prévoit que le conseil municipal peut délimiter un périmètre de sauvegarde du commerce et de l’artisanat de proximité, à l’intérieur duquel sont soumises au droit de préemption les cessions de fonds artisanaux, de fonds de commerce ou de baux commerciaux.
De telles cessions doivent, à peine de nullité, faire l’objet d’une déclaration préalable à la commune, sur le modèle du droit de préemption urbain (déclaration d’intention d’aliéner, délai de 2 mois pour la commune pour décider d’acquérir…).
Mais l’article L. 214-3 indiquait qu’un décret en Conseil d’État préciserait notamment les conditions d’application de ces dispositions et le décret s’est fait attendre, jusqu’au 26 décembre 2007.
Par conséquent il a été soutenu que les dispositions de la loi du 2 août 2005 étaient inapplicables en l’absence du décret d’application et que les communes ayant instauré et appliqué ce droit de préemption étaient dans l’illégalité.
Or, le Conseil d’État a récemment jugé que l’application des dispositions du premier alinéa de l’article L. 214-1 du Code de l’urbanisme n’était pas manifestement impossible, même en l’absence du décret prévu à l’article L. 214-3 (CE, 21 mars 2008, n 310173, Sté Megaron, JurisData n° 2008-073324).
Les dispositions de la loi du 2 août 2005 sont donc entrées en vigueur dès la publication de la loi.
Par conséquent, les délibérations prises pour la délimitation des périmètres avant l’entrée en vigueur du décret n° 2007-1827 du 26 décembre 2007 relatif au droit de préemption des communes sur les fonds de commerce, les fonds artisanaux et les baux commerciaux sont régulières et ne sont pas susceptibles d’être valablement contestées devant le juge.
On notera qu’en vertu de ce décret, la délibération de la commune instaurant le droit de préemption doit être précédée d’un avis préalable des chambres consulaires concernées (chambre de commerce et d’industrie ou chambre des Métiers).